L’écriture constitue, avec la lecture, un enjeu fondamental de l’école primaire. Depuis des siècles, elle est le symbole de l’accès au savoir.
Communiquer, laisser une trace, garder en mémoire, organiser, échanger, exprimer ses émotions, faire des affaires… L’écriture répond à de nombreuses fonctions de la vie courante.
Les gestes graphiques, un premier pas vers l’écriture !
Écrire, c’est fixer sa pensée ou ses paroles sur un support à l’aide de mots, phrases, textes ou encore symboles. À l’école, le support papier est encore privilégié et le plus souvent utilisé. Certaines expériences récentes, notamment aux USA, ont tenté de dématérialiser entièrement l’apprentissage de l’écriture à l’école et sont rapidement revenues à la manipulation manuscrite.
En effet, le champ des compétences développées par la pratique de l’écriture est bien plus large qu’il n’y paraît. Qu’elle soit une production ou une reproduction (copie), l’écriture est une activité linguistique, cognitive et grapho-motrice. Cette complexité la rend à la fois géniale une fois maitrisée mais aussi très difficile à acquérir car les contraintes sont nombreuses.
Tout comme le langage, c’est donc un apprentissage qui doit être introduit assez tôt car sa maitrise demande du temps, beaucoup de temps. Il se fait progressivement au travers diverses activités de calligraphie, de copie, de dictée puis de production.
Dans cet article, nous nous intéressons particulièrement à la calligraphie, au geste graphique qui représente un réel défi pour les enfants, jeunes et moins jeunes.
Tenir un crayon et laisser une trace
Dès le cycle 1, il s’agira de se familiariser avec les outils de l’écriture en travaillant la motricité fine. La tenue du crayon est un point de départ important pour progresser.
La préhension de l’outil est un sujet délicat : elle doit être accompagnée pour donner les bonnes habitudes, doit intervenir assez rapidement en cycle 1 mais pas trop tôt car les os de la main de l’enfant doivent être bien soudés.
La suite de l’apprentissage va essentiellement s’attacher à la précision du geste graphique, qui va se faire par un entrainement de plus en plus soutenu. Cet exercice très prenant demande une concentration accrue de l’apprenti scripteur qui a naturellement, par son jeune âge, des capacités limitées en la matière.
L’apprentissage débute souvent par le tracé de lignes droites, verticales, horizontales, obliques puis de formes rondes, de ponts et autres éléments nécessaires à l’écriture en lettres capitales. Il se poursuit par l’écriture des chiffres. L’entrainement consiste d’abord en la reproduction de modèles en grand format, où le sens de tracé est indiqué clairement puis sur des modèles de plus en plus petits et de moins en moins guidés.
Alors qu’en dessin, les enfants ont souvent toute la feuille pour s’exprimer, la notion d’écriture est encadrée par des lignes. C’est un gros changement qui peut parfois être mal vécu par certains parce qu’on les enferme, tout à coup, dans un espace réduit. Il s’agit d’une forte contrainte pour eux, mais ce repérage est indispensable pour les enfants. La hauteur des lignes varie en fonction de la progression, elle diminue peu à peu.
Des outils adaptés et pensés pour les élèves
Pour les premiers pas, les supports Timothée le petit serpent sont entièrement adaptés puisque les exercices sont introduits par une histoire qui met en scène le chemin que doit faire Timothée pour écrire la lettre ou le chiffre. L’entrainement sur de grands posters à glisser dans des pochettes ardoises pour essayer, effacer, corriger.
Dès la moyenne section, il est possible de proposer un support cahier, au format légèrement plus grand que les cahiers d’écriture habituels et plus adapté aux élèves de MS. Ce cahier de graphisme entraine à l’écriture des lignes, des cannes, des boucles et aux lettres capitales.
Des cahiers d’écriture sont disponibles dès la Grande Section, pour passer du graphisme à la lettre cursive, et jusqu’au CM. Chaque cahier prend en compte le niveau de maitrise global de l’écriture par l’élève pour la mise en place de bons automatismes. Le modèle est présent de chaque côté de la page pour s’adapter aux droitiers et aux gauchers.
Une fois le geste plus précis et assuré, l’enjeu devient la vitesse d’écriture pour arriver à combiner la rapidité de la main à celle de la pensée. La révision et le perfectionnement des constantes graphiques sont aussi indispensables au-delà du CP.
Plus indispensable encore, la dimension affective est essentielle pour développer le goût pour l’écriture. Cette gymnastique complexe peut mettre en échec nombre d’esprits, même les plus brillants. En plus de l’apprentissage des bases, de la ritualisation des entrainements, du repérage des difficultés dans le tracé, dans la latéralité ou autres troubles, le professeur des écoles a, là encore, un rôle central à jouer parce qu’il doit transmettre l’essentiel : le plaisir d’écrire.
À tous les enseignants qui pourraient, l’espace d’un instant, être impressionnés par l’ampleur de la tâche, regardez attentivement vos élèves s’entrainer, s’appliquer, et imaginez en chacun d’eux un futur Pagnol, Prévert… ou encore Apollinaire.